Le vrai du faux
[…] J’ai lu tous ces auteurs, sans trop leur reprocher de mentir, vu que c’est déjà pratique courante même chez ceux qui font profession de philosopher. Mais j’étais étonné qu’ils aient cru pouvoir écrire des choses fausses sans qu’on s’en aperçût. C’est pourquoi moi aussi (par vaine gloire !), j’ai tenu à transmettre quelque chose à la postérité, et je ne veux pas être le seul privé de la liberté d’affabuler. Puisque je n’avais rien de vrai à raconter, n’ayant jamais rien vécu d’intéressant, je me suis adonné au mensonge avec beaucoup plus d’honnêteté que les autres. Car je dirais la vérité au moins sur un point : en disant que je mens. […]
Lucien, Histoires vraies (A § 4) in Voyages extraordinaires