De la pluie et du beau temps

On dit parler de la pluie et du beau temps pour dési­gner une conver­sa­tion banale, faite de pluie, de chaud-froid et de soleil, entre des per­sonnes qui n’ont rien à se dire où pas grand-chose. Pour­tant, dire le temps qu’il fait, ce n’est pas rien, je trouve. Ce n’est pas si léger.

18 février – Les tem­pêtes se suc­cèdent et la pluie tombe en abon­dance – un lam­beau d’arc-en-ciel s’accroche à la col­line.

Brouillards – Le nar­ra­teur d’Umberto Eco (La Mys­té­rieuse flamme de la Reine Loana) est entouré de brouillard ; il a tout oublié de son his­toire propre, et a trouvé refuge dans une mémoire de papier – une mémoire faite d’un entre­lacs de cita­tions tra­ver­sées de brouillard qu’en lec­teur acharné il a col­lec­tées tout au long de sa vie – C’était par un soir de sep­tembre, et sept heures n’avaient pas encore sonné, mais la jour­née avait été noire ; un brouillard dense et humide était tombé sur la grande cité. Des nuages cou­leur de la boue s’amollissaient tris­te­ment sur les rues fan­geuses.

Écouté Paul Viri­lio dans un enre­gis­tre­ment ancien ; il par­lait de la modi­fi­ca­tion du climat – une modi­fi­ca­tion telle, disait-il, que la météo devient plus impor­tante que la géo, hein, comme si la météo­po­li­tique allait sub­mer­ger la géo­po­li­tique qui est l’aménagement de l’espace, l’aménagement du sol. C’est un peu comme si le ciel et ses nuages et sa pol­lu­tion fai­saient leur entrée dans l’histoire.

Les gros titres des journaux – photographie d’atelier ; archives Elisabeth Vu
Vieux Cour­riers Inter­na­tio­naux du début des années 2000. Le bruit du monde – et dans ce bruit, tracer au scal­pel des che­mins de tra­verse.
Pho­to­gra­phie d’atelier – archives Eli­sa­beth Vu